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sonnels que de ceux de Dupleix. En lui donnant de l’argent au bon moment, le roi pouvait neutraliser notre politique comme il pouvait empêcher les Anglais d’occuper son pays, en leur fournissant des vivres et quelques troupes. C’est en vain que Dupleix avait prescrit à Mainville d’empêcher Morarao d’avoir avec lui le moindre rapport. Ce n’est que dans le royaume d’Utopie qu’il est possible de supprimer les négociations secrètes.

Le roi répondit à Dupleix à la façon indienne, en termes fuyants et insaisissables. Sans recourir encore au moyen suprême de la rupture des digues, qui eut atteint du même coup nos sujets de la côte, Dupleix essaya pourtant de frapper le roi dans une partie sensible de ses États, en le faisant attaquer par Karikal ; malheureusement nos effectifs étaient trop faibles pour une opération de grande envergure, et Barthélemy, commandant de la place, n’était pas comme son prédécesseur Leriche homme à suppléer à l’infériorité de ses troupes par une initiative quelconque. À la demande de Dupleix, Morarao lui fit passer quelques centaines de ses cavaliers ; mais ils ne s’entendirent pas avec Barthélemy, et quelques jours après Morarao leur donna l’ordre de revenir sans avoir rien tenté en commun contre le Tanjore. C’était dans les premiers jours de janvier. Leur retour fut un véritable désastre. Le général tanjourien, Manogy, informé de leurs mouvements, leur tomba dessus avec une poignée d’hommes au moment où ils étaient engagés dans un chemin boueux, les tailla en pièces et mit le reste en fuite. Dupleix ne les plaignit pas : leurs services lui coûtaient cher et ne lui rapportaient rien ; la cupidité de Morarao continuait de lui arracher des soupirs et même des imprécations :

« Il n’y a rien de si avide que ce marate, écrivait-il à Main-