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reçues. Nous ne croyons pas cependant qu’on puisse l’accuser de duplicité ; il n’était pas de mauvaise foi en ne tenant pas ses promesses. Si Dupleix éprouvait des difficultés à se procurer des fonds, les ressources des princes indiens n’étaient pas non plus inépuisables. C’est seulement dans les contes et fictions que la source de leurs richesses ne tarit jamais. Dupleix s’en rendit compte et comme il ne voulait cependant pas renoncer à l’entreprise de Trichinopoly, il conçut un projet en vertu duquel les 11 laks que les Maïssouriens devaient nous donner au moment de la chute de la ville nous seraient dès maintenant versés sous forme de terre en nantissement. Dupleix ne perdait jamais de vue l’agrandissement territorial de la Compagnie. Pour les dettes actuelles, il eut désiré que Nandi Raja lui remit une lettre de change payable en deux mois correspondant à leur valeur, et lui versât ensuite régulièrement 250.000 rs. par mois pendant la durée des hostilités.

Ces projets que nous ne connaissons que par une lettre adressée à Mainville le 12 janvier 1754, ne furent pas suivis d’effet ; car nous voyons quelques jours après Dupleix poursuivre une autre idée qui, chez un chef de gouvernement, ne laissait pas d’être audacieuse et risquée. C’était de provoquer une sorte de sédition parmi les cipayes et les pousser à se rendre auprès du Raja pour lui demander de l’argent, sous peine de le mettre en pièces (lettre du 20 janvier). On devine avec quelle facilité peuvent se retourner de pareils arguments.

« Les raisons que Nandi Raja vous a données, ajoutait-t-il le 28, sont des plus bêtes et m’ont déterminé à mettre fin aux tromperies de ces misérables qui ne cherchent qu’à nous tromper (sic). Veillez exactement sur cet homme. » — « Nandi Raja nous prendra pour