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français ne doutaient pas que la lettre de Saunders, une fois connue en France, loin de desservir la cause de Dupleix, ne produisît au contraire une impression qui lui fût favorable. Leur réponse se terminait par trois conclusions précises :

« La première conclusion est qu’il s’en faut que vous vouliez une parité de traitement pour les deux nations et que vous ayez pris pour règle de vos prétentions et de vos propositions une égalité de justice. La parité de traitement serait qu’il n’y eut pas plus de faveur pour une nation que pour l’autre. Vous voulez cependant de votre aveu avoir autant que les Français (et même incomparablement plus, comme vous le faites voir sans l’avouer), lorsqu’il faut pour cela que les Français se dépouillent des droits qu’ils ont et vous investissent de ceux que vous n’avez pas. L’égalité de justice demande qu’on accorde à chacun selon ses droits. Ceux des Français sont réels et bien établis et votre refus de les reconnaître ne saurait les affaiblir non plus que vos protestations les anéantir.

« La deuxième conclusion sera que vous avez sans aucun titre une ambition plus réelle et plus démesurée que celle que vous cherchez à induire des titres de M. le marquis Dupleix. Vous vous récriez sur ce que les légitimes maîtres du Décan l’ont associé pour lui faire honneur au gouvernement d’une partie de leur pays, comme s’il n’aspirait qu’à tout usurper. Quel exercice et quel usage a-t-il fait jusqu’ici de cette autorité ? montrez-les nous, et justifiez par quelque trait légitime la crainte que vous feignez. Il ne veut pas que vous rendiez maître de Carnate un homme qui vous est asservi, qui est rebelle à Salabet j. et à qui il est comptable ainsi qu’à nous du sang de Chanda S. Voilà le sujet de vos cris contre lui. Les maîtres du pays lui ont donné nommément le pays d’Arcate avec celui de Trichinopoly ; il voit volontiers le gouvernement du premier entre les mains de celui que Salabet j. a choisi pour le gouverneur et il s’emploie pour faire avoir légitimement le second aux Maïssouriens à qui vous l’aviez promis et que vous