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réalité Saunders aspirait à dominer souverainement le Carnatic avec un prince qui n’eut qu’une autorité nominale.

Sur les faits qui leur étaient personnellement reprochés, il leur fut aisé de répondre que sans les passeports qui tardèrent à venir ils seraient arrivés beaucoup plus tôt à Sadras, que s’ils n’avaient pas attendu les titres de Mahamet Ali, c’est que les députés anglais leur avaient eux-mêmes donné l’exemple en partant le 6 février, alors qu’eux-mêmes étaient restés jusqu’au 8 ; quant aux opinions sciemment erronées qu’ils auraient émises et qui se se rapportaient surtout à la promesse de Trichinopoly faite par Mahamet Ali aux Maïssouriens et cautionné par les Anglais, toutes les lettres, tous les témoignages parlaient en leur faveur.

Les députés relevaient enfin non sans quelque vivacité des accusations d’empoisonnement et d’assassinat que Saunders avait articulés contre Dupleix. De quel côté était le plus d’animosité ?

« Le même esprit, lui dirent-ils, qui a conduit le fer et le feu pour opérer, a conduit aussi la plume pour écrire ; on peut voir dans les écrits des deux chefs de quel côté les paroles dures, les reproches les plus vifs et les invectives offensantes règnent principalement. Nous ne nous aviserons pas de répondre à celles dont votre dernière lettre est remplie contre M. notre gouverneur ; si d’un côté nous y sommes sensibles, d’un autre côté nous ne saurions blesser le moins du monde le respect que nous voulons toujours avoir pour votre place. »

Et sans mettre personnellement en cause Saunders, les députés lui parlèrent de la mort de Chanda S. qui avait eu la tête tranchée au sortir d’un conseil où Lawrence assistait.

Suivant l’exemple de leur gouverneur, les députés