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feu par une lettre adressée à nos députés le 15 février, moins de huit jours après leur retour à Pondichéry. En cette lettre fort longue, qui rappelle un peu celle de Dupleix du 18 février 1752, Saunders reprenait à peu près tous les arguments qu’il avait fait valoir en faveur de Mahamet Ali ou qui avaient été exposés à la conférence ; il rejetait sur nous la faute initiale de la guerre qui troublait le pays, puis comme s’il voulait rendre nos députés responsables de l’échec des négociations, il leur faisait un grief d’avoir manqué de prévenance pour leurs collègues anglais en les faisant attendre tout un mois à Sadras ; il leur reprochait d’être retournés à Pondichéry sans que les titres établissant les droits de Mahamet Ali fussent arrivés de Trichinopoly, il les accusait enfin d’avoir accepté trop facilement comme avérés des faits dont ils ne pouvaient avoir aucune certitude.

Les députés, après avoir consulté Dupleix, décidèrent de répondre, 7 mars, pour que Saunders ne put rien arguer de leur silence. Que pouvaient-ils dire qui n’eut été dit mille fois ? Ils reprirent donc les arguments que nous connaissons, sans même songer à les rajeunir par quelques traits nouveaux. Un point cependant retint leur attention. Dans ses propositions pour régler le sort du Carnatic, Saunders disait que, malgré l’établissement de Mahamet Ali comme souverain du pays, les Français seraient aussi libres que les Anglais de faire du commerce et que leur liberté serait garantie par le chef des Marates, par le roi de Tanjore et par les Maïssouriens, tous princes plus ou moins tributaires du Décan. Que devenait en cet arrangement le souverain même du pays ? il n’était même pas question de lui. Les députés n’eurent pas de peine à faire ressortir que c’était une singulière façon de sauvegarder les lois fondamentales de l’empire mogol et qu’en