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têtement de Dupleix à vouloir rester sur le terrain du droit l’empêcha de compter avec les réalités autant qu’il l’eût fallu. Les propositions de Saunders, en admettant qu’elles fussent sincères — et elles l’étaient peut-être, — tendaient à un partage du Carnatic ; on nous laissait le Décan et tous les territoires de la côte d’Orissa. Après nos échecs répétés devant Trichinopoly, ce n’étaient pas des conditions inacceptables, et, à tout prendre, il n’y avait pas de raison de penser qu’on ne s’entendrait pas avec Mahamet Ali aussi bien qu’avec tout autre prince indien. La mort de Chanda S. et la retraite de Mortiz Ali l’avait débarrassé de ses concurrents, et nous n’avions pas de candidature sérieuse à lui opposer. En le faisant reconnaître par Salabet j., on donnait satisfaction aux Anglais, sans avoir l’air de céder à leurs injonctions. Le tort de Dupleix fut de trop compter avec l’amour-propre et de ne vouloir rien céder des avantages qu’il avait en partie perdus, mais qu’il espérait reprendre par un heureux retour de fortune. C’est le moment où Bussy venait d’obtenir la cession des quatre circars. L’éclat de Décan l’empêcha de voir les ombres du Carnatic.

Par suite du départ des commissaires anglais et français (6 et 8 février), les négociations se trouvèrent en fait terminées, mais elles ne furent pas rigoureusement closes. De même qu’elles avaient été précédées de longues lettres entre les gouverneurs où les questions fondamentales de la conférence avaient été exposées et même résolues, elles furent suivies de nouvelles lettres entre Saunders, Dupleix et nos députés, où les mêmes questions furent encore une fois reprises, comme si l’on sentait de part et d’autre qu’on n’avait pas fait le nécessaire à Sadras pour donner aux compagnies en Europe l’illusion d’une sincérité parfaite. Ce fut Saunders qui ouvrit le