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celui qui avait fermé l’enveloppe y avait mis le premier cachet qui lui était venu sous la main. Mais nous avions l’original à Pondichéry et ce document avait la signature en tête, datée de la première année du règne de Mahamet-Cha, et la lettre elle-même était datée de la cinquième année du même règne.

Telle fut du moins l’explication que donna Dupleix lorsqu’il connut l’incident. Au moment où il se produisit, nos députés, ne sachant où les Anglais voulaient en venir, préférèrent interrompre le travail de leurs interprètes et le P. Lavaur fit retirer toutes les pièces que nous avions communiquées, mais il déclara en même temps à Palk et Vansittart que lorsqu’il leur plairait de tenir leur parole, nous leur remettrions à nouveau tous nos titres et nous leur permettrions d’en tirer telles copies ou d’en faire telles traductions qu’ils jugeraient à propos. Les Anglais se jugèrent offensés de ce qu’on voulut les traiter comme ils nous traitaient nous-mêmes et, sans rompre officiellement les négociations, ils ne les continuèrent pas. « Saunders et les députés anglais, dit Orme, jugèrent sur ce qu’ils avaient vu et entendu, qu’ils avaient des preuves suffisantes pour croire que la copie était supposée et ils portèrent le même jugement de l’original et du reste des papiers des Français. »

Tout n’était cependant pas rompu et, après cet incident, les députés anglais restèrent encore douze jours à Sadras et les nôtres deux jours de plus. Mais les esprits étaient tellement surexcités de part et d’autre que nul ne chercha la voie d’une conciliation. Il se pouvait fort bien que nos titres n’eussent pas tous l’authenticité désirable ; mais on pouvait faire le même reproche à ceux qu’auraient produits les Anglais, et leur obstination à ne pas les montrer ne préjuge pas en leur faveur. D’autre part l’en-