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l’assistaient de leurs conseils et, pendant ce temps, ce serait la ruine totale du pays.

« Je sens bien, disait-il autre part, que tout ce que j’ai l’honneur de vous dire ne servira pas beaucoup à tenter une conclusion, mais vous me faites comme une nécessité de vous suivre dans les différents plans de défense que vous mettez en œuvre, ainsi que dans les obligations dont vous les accompagnez pour nous surprendre…

« Puisque vous en revenez toujours à poser pour base de notre négociation que Mahamet Ali soit reconnu pour légitime maître du Carnatic, je vous répète aussi qu’il reste évident par là que vous ne voulez point traiter. Cela ne m’empêchera pas de faire partir nos députés ; ils seront prêts dans deux ou trois jours. » (B. N. 9161, p. 121-124).

Nos députés partirent en effet de Pondichéry le 20 et se trouvèrent à Sadras le lendemain. On avait choisi cette place comme siège de la conférence parce qu’étant sensiblement à égale distance de Madras et de Pondichéry, les deux gouverneurs pouvaient en quelques heures recevoir des rapports de leurs députés ou leur adresser de nouvelles instructions.

Les négociateurs anglais étaient Palk et Vansittart, le premier, ministre de l’Église réformée ; dans la suite tous deux furent gouverneurs, l’un de Madras et l’autre de Calcutta.

Quant à Dupleix, il avait fait choix du P. Lavaur[1],

  1. François-Louis de Lavaur était né à Céré (Lot) le 20 juin 1700. Reçu dans la province de France le 18 octobre 1732, il partit pour l’Inde en 1741. Sa carrière y fut particulièrement brillante et rapide. Affecté à la mission télougou, il servit ensuite à Ponganour (1742) et à Vencataguiri (1743). En 1751, il succéda au P. Cœurdoux comme supérieur général de la mission et occupa ce poste pendant dix ans jusqu’à la chute de Pondichéry. Fait prisonnier, il fut mené en Angleterre. Rendu à la liberté, il revint en France et mourut subitement aux environs de Poitiers en juin 1763.