Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/385

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

compris en France, il se contenta de signaler à Saunders ce que le procédé avait d’insolite et, après avoir obtenu le 4 janvier les passeports nécessaires pour la sûreté des routes, il fit partir ses députés le 20 du même mois.

S’il les avait encore retenus quinze jours, c’est qu’il attendait une réponse de Saunders aux propositions qu’il lui avait faites le 25 décembre d’accepter éventuellement la médiation de Salabet j. ; or cette réponse n’arriva à Pondichéry que le 11 ou 12 janvier. Comme on devait s’y attendre, Saunders contestait que Salabet j. fut assez libre pour rendre une décision impartiale et en revenait toujours à poser comme base des négociations la reconnaissance de Mahamet Ali comme légitime maître du Carnatic.

Dupleix comprit parfaitement que, par son obstination à maintenir son point de vue, Saunders laissait clairement entendre qu’il ne voulait pas arriver à une entente ; toutefois, comme les choses étaient tellement engagées qu’il y avait plus d’inconvénients à provoquer dès ce moment une rupture qu’à l’attendre des événements eux-mêmes, il se borna à envoyer à Saunders une nouvelle et dernière lettre (16 janvier), où il ne lui dissimulait pas son peu d’espoir de voir la conférence aboutir à un heureux résultat.

Parlant de la liberté de Salabet j., Dupleix convenait que ce prince nous était entièrement dévoué, mais entre une nation qui lui avait rendu les plus grands services et un sujet désobéissant, était-ce un crime, était-ce même une faiblesse que de prendre parti contre un rebelle ? Saunders aurait, semble-il, l’intention d’en appeler au Mogol ; Dupleix n’y voyait aucun inconvénient, mais avant d’arriver à cet arbitre suprême, il faudrait commencer par s’entendre avec les hauts dignitaires qui