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Vous pensez que de finir ici avec eux serait une bonne affaire[1]. Je pense que non et tandis qu’ils seront ici occupés, ils ne porteront par leur attention dans le nord où il convient que nous nous établissions tout doucement avec le moins de difficultés qu’il sera possible. Ils nous en susciteraient sûrement s’ils n’étaient occupés ici. » (A. Vers. E. 3754).

Dupleix se trompait assurément en pensant que la cour d’Angleterre désapprouverait Saunders, s’il n’acceptait pas sans réserves l’autorité ou la médiation de Salabet j. Nous avons déjà, à propos de la lettre à Saunders du 18 février 1752, signalé la singulière illusion qu’il nourrissait à cet égard : nous n’y reviendrons pas.

On s’en alla donc à Sadras moins pour y plaider un procès que pour s’y disputer sur des questions de procédure préjudicielle qui devaient empêcher tout débat sur le fond.

Les députés anglais furent les premiers prêts ; ils arrivèrent à Sadras le 30 décembre. Ils auraient dû s’y rencontrer avec les nôtres, mais Saunders avait négligé de se concerter avec Dupleix sur le moment où les députés respectifs devraient se rendre au lieu désigné ; il avait fait partir les siens sans en informer Dupleix et ne lui en avait donné avis qu’après leur départ en le priant d’envoyer les nôtres. Dupleix se demanda si ce n’était pas un piège pour rompre tout de suite sur une question d’amour-propre ; comme ce motif eût peut-être été mal

  1. Bussy n’avait jamais été partisan de l’expédition de Trichinopoly, aussi la paix lui paraissait-elle très désirable. Seulement, il ne paraissait pas très fixé sur les meilleurs moyens de l’obtenir : « Je trouve un peu de contradiction dans vos lettres au sujet des affaires de ce pays, lui écrivait Dupleix le 16 janvier 1754. Vous voulez dans quelques-unes que je les termine ; celle du 28 octobre me conseille de traîner en longueur ; les dernières disent de conclure et me marquent à peu près les conditions. Reste à savoir si les Anglais voudront y acquiescer. » (A. Vers. E. 3754).