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tion pour les Anglais, mais il n’avait nullement entendu reconnaître ses droits. En les considérant comme acquis, Saunders avait pris le parti le plus court et le moins embarrassant ; mais ce n’était pas le moyen de parvenir à un accord. Dupleix espérait encore une autre réponse ; il n’était vraiment pas possible de mettre de pair la légitimité du titre de Salabet j. et de celui dont se prévalait Mahamet Ali. (Lettre du 8 décembre).

Comme il l’écrivait à Bussy le 30 novembre, Dupleix était convaincu qu’en soulevant avec cette ténacité les droits de Mahamet Ali, les Anglais ne songeaient qu’à tirer les affaires en longueur et ne désiraient nullement arriver à une entente. Son appel à Saunders tomba dans le vide ou plutôt le gouverneur anglais persista, dans une nouvelle lettre du 18 décembre, à vouloir mettre hors de toute discussion les droits de Mahamet Ali. Si Dupleix n’avait été tenu par les ordres de la Compagnie, il est vraisemblable qu’il s’en fût tenu à ses premières déclarations sans les soumettre à une conférence qui ne pouvait aboutir, mais on n’eut pas compris en France qu’il ne courût pas la chance de ces négociations. Il se résolut donc à écrire à Saunders une dernière lettre où c’étaient toujours les mêmes arguments qui revenaient sous des formes à peine différentes :

« J’ai reçu, écrivit-il à Saunders le 28 décembre, l’honneur de votre lettre du 18 du courant. Depuis que vous avez mis sur les rangs Mahamet Ali pour l’opposer à un nabab légitime, ami de votre nation et de la nôtre, quel a été le sujet et l’objet de la guerre ? N’est-ce pas de votre part de rendre maître du pays — au moins en partie — celui que vous protégez et, de la nôtre, d’empêcher qu’il ne le soit ? Peut-on donc regarder sérieusement comme un préliminaire de l’accord que nous devons faire la proposition de reconnaître votre protégé pour