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Latouche et quelques autres avaient montré de la valeur au moment du siège de Pondichéry, ils n’avaient quand même pu déployer des qualités stratégiques suffisantes pour qu’on leur demandât d’établir un plan militaire et en outre chacun d’eux était trop jeune pour faire accepter aux autres sa supériorité.

Dupleix, qu’aucune initiative n’effrayait et qui se sentait vraiment le tempérament d’un chef et d’un conducteur d’hommes, n’hésita pas un instant : il prit sous sa responsabilité la conception de l’organisation de toutes les opérations ; il fut à lui-même son propre chef d’état-major.

Nous connaissons par sa correspondance ses idées sur le commandement et sur la façon de l’exercer ; elle nous révèle un esprit attentif plutôt qu’absolu ; avant de prendre un parti, il savait d’abord écouter : vertu assez rare chez un chef. Il n’ordonnait qu’après avoir pris divers avis et les avoir mûris dans son esprit.

Citons quelques-unes de ses pensées :

« Un commandant peut et doit consulter, écouter tout, résumer en soi les avis et ensuite prendre son parti et donner des ordres. » (D. à Astruc, le 5 juillet 1753. B. N. 9156, p. 215).

« Un commandant doit être un modérateur en même temps qu’il doit en particulier démontrer aux personnes leur tort. » (D. à Astruc, le 6 juillet 1753. B. N. 9156, p. 217).

« Le commandement compte bien des détails auxquels il faut absolument se prêter ; l’habitude peut tout. » (D. à Brenier, 25 août 1753, B. N. 9157, p. 284).

« Les gens en place sont obligés d’écouter tout le monde et surtout les faibles et pauvres gens pour lesquels la justice est plutôt faite que pour les forts de ce monde. » (D. à Glatignat, 15 mars 1753, B. N. 9156, p. 121).

« Écoutez les avis, prenez-en le bon et laissez là le reste et