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réalité ne s’accordaient pas. Dupleix et Saunders avaient bien échangé quelques lettres, d’ailleurs assez peu courtoises[1], après la capitulation de Law, mais elles ne concernaient que l’échange des prisonniers. Avant notre défaite, Dupleix avait rendu aux Anglais ou à Mahamet Ali ceux qu’il leur avait faits du temps de Chanda S. ; après l’affaire de Sriringam, Saunders n’entendit nullement nous payer de retour. Non seulement il ne voulut rendre aucun de ceux qu’il gardait lui-même, mais il obligea Mahamet Ali à être aussi intraitable et l’on sait que ce prince n’était pas tout à fait le maître de ses volontés. Dupleix menaçait en vain Saunders de l’opinion et du jugement de leurs monarques respectifs ; le gouverneur anglais commençait à être habitué à ce langage.

Dédaignant cette question secondaire, Saunders considérait que le seul moyen d’en finir était l’abandon respectif par les Français et par les Anglais des partis qu’ils soutenaient, pourvu toutefois que Mahamet Ali restât maître du Carnatic suivant le paravana qui lui avait été donné par le soubab du Décan (lettres des 31 juillet et 21 septembre). C’était en fait ouvrir la voie à des négociations. Sans y entrer encore d’une façon officielle, Dupleix répondit cependant aux suggestions de Saunders. Il contesta l’existence du paravana, mais, dit-il, en admettant qu’il fût authentique, il ne pouvait provenir que de

  1. « Je ne trempe point ma plume dans le fiel lorsque j’ai l’honneur de répondre à vos lettres. Serait-il dit que les vérités que je vous présente ne peuvent être repoussées que par des imputations aussi fausses qu’elles se trouvent hors de propos ? Il en résultera toujours un plus grand lustre pour ces vérités dont l’évidence aura lieu de frapper et quoique je sois très en état de riposter à ces imputations, je me contente de laisser au public le jugement entre vous et moi. » (Lettre à Saunders du 10 septembre 1753). B. N. 9151, p. 112-113.