Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/372

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toutes les forces de l’ennemi. Faisant face aux nouvelles difficultés qui pouvaient se présenter, Dupleix donna l’ordre à Pichecoupa d’aller ravager le pays de Vatévalom, d’où les gens de Tirnamallé tiraient des vivres, et à Ali Khan de balayer le pays de Triquelour et de Calcourchy, avec 300 cipayes (fin septembre 1753). Ali Khan ayant été désigné peu de jours après pour conduire un convoi à Sriringam, Abdoulnabibek, un de nos capitaines cipayes, prit sa succession, (26 octobre), seulement au lieu d’aller à Triquelour ou à Calcourchy, il alla à Chettipet.

Là commandait un quelidar, nommé Isart Mohamed Khan, qui inspirait peu de confiance. Tiraillé entre des influences contraires, il était manifeste qu’il se rallierait à la plus forte, Abdoulnabibek vint et le maintint quelque temps en respect avec sa compagnie ; mais, sur la fin de novembre, son attitude parut tellement louche, que Dupleix se résolut à envoyer auprès de lui un européen, Morau, avec des munitions et quelques troupes, sous couleur de prendre sa défense contre des bandes qui se rassemblaient dans le pays. Le quélidar était vraisemblablement d’accord avec elles ; on savait qu’il entretenait des correspondances avec Trivatour, Conjivaram et Arcate. Dans quel but et quelles intentions ? Il fut difficile à Morau de les déterminer ; l’attitude ondoyante du quélidar autorisait tour à tour la confiance et le soupçon.

La confiance l’emporta chez Dupleix ; au bout de quelques jours il jugea que la présence de Morau était incommodante et il le rappela. La situation fut alors dénouée ; le quélidar laissa entrer dans la place les bandes qui erraient dans la campagne et la trahison fut provisoirement consommée (25 décembre). Mais, dans l’Inde, il est rare qu’une trahison soit définitive et nous