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Patté conseilla à Govindrao d’aller lui-même à Vellore demander de l’argent au nabab.

Mauvais début. La suite valut mieux. Le jour même de son arrivée devant Tirnamallé, Patté s’empara de la pagode qui domine le fort. Chacun fit son devoir. Le surlendemain, les canons furent mis en batterie et commencèrent à chauffer la place, défendue par un millier d’hommes sous les ordres d’un nommé Marcossi. Patté croyait que 300 coups de canon suffiraient pour démonter les batteries ennemies et faire une large brèche dans la muraille ; le 21, les batteries seules étaient démontées et la brèche n’avait encore que 15 pieds de large, 20 à 25 de haut et 3 de profondeur ; huit hommes pouvaient y passer de front et nous n’en étions qu’à une distance de 180 toises. Marcossi songeait à se rendre et, en secret, il nous avait fait part de ses intentions, mais ses capitaines eurent des soupçons et le retinrent prisonnier. Patté se résolut alors à livrer l’assaut qui fut fixé le 22 août au matin. Tout était prêt et les échelles distribuées, lorsque les cipayes s’avisèrent de demander qui nourrirait leurs familles s’ils étaient tués. Il fut impossible d’obtenir d’eux un autre raisonnement. On dut renoncer à donner l’assaut et, pendant ce temps, l’ennemi répara la brèche, malgré le feu continuel de notre mousqueterie et de nos canons : il fit même une sortie de 50 hommes qui mit en fuite 600 de nos cavaliers.

Cependant Patté ne fut pas découragé ; il fit monter sa pièce de 12 sur la petite montagne qui domine le fort, et sa pièce de 18 resta à foudroyer la muraille. Les cipayes, contre qui il avait été impossible de sévir, dirent alors, ironie suprême ! qu’ils consentaient à entrer dans la ville si on abaissait les murailles au raz du sol, de façon à pouvoir se passer d’échelles. Patté calcula que