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l’intérieur de la place, dont le pillage était autorisé. Ainsi 810 hommes, s’appuyant les uns les autres, étaient destinés à ce coup de main.

C’étaient de beaux calculs. La réalité fut tout autre. Nos troupes franchirent silencieusement le Cavery durant la nuit et le 28, à trois heures du matin, elles passèrent sans difficulté le fossé extérieur qui était presque sec, plantèrent leurs échelles sur le premier mur et y montèrent, au nombre de 600 hommes, sans que la garnison s’en aperçut : les défenseurs étant profondément endormis. C’était la perte de la ville, si nous avions continué d’opérer sans faire le moindre bruit ; mais contrairement aux prescriptions formelles de Mainville, nous ne sûmes résister au désir de saluer ce premier succès par des démonstrations tapageuses et nos officiers donnèrent l’ordre de tourner contre la ville deux canons anglais de douze qu’ils trouvèrent sur le rempart et d’ouvrir le feu. En même temps, nos soldats se mirent à crier : Vive le roi ! puis ils descendirent dans le fossé compris entre les deux murailles et arrivèrent devant la porte précédemment indiquée par les laboureurs. Nul doute qu’ils ne l’eussent emportée suivant le programme tracé, si les Anglais réveillés par le bruit du canon et par nos clameurs n’avaient couru aux armes, au lieu d’être pris de panique comme on pouvait y compter. Kilpatrick, qui commandait la place en remplacement de Dalton, eut assez de présence d’esprit pour songer à la porte de l’Est ; il sentit que là pouvait être le danger et il y envoya aussitôt un grand nombre d’hommes avec des munitions et l’ordre de tirer continuellement, qu’ils vissent l’ennemi ou non. On tua ainsi les pétardiers qui s’apprêtaient à faire sauter la porte. Cependant nos hommes, ne sachant trop ce qui se passait, avaient dressé leurs échelles contre le mur