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ques hommes et plusieurs officiers cipayes, à qui Mainville accorda une amnistie.

Les pluies qui commencèrent à tomber le 23 octobre et durèrent sans discontinuer jusqu’au 20 novembre paralysèrent nos opérations ; Morarao, qui avait passé le Cavery pour ravager le Tanjore, dut revenir camper à trois lieues de Sriringam[1]. Une autre cause, toujours la même, le manque d’argent, acheva de jeter Mainville dans les embarras les plus terribles. Impossible de rien obtenir du raja. Le 28 octobre, celui-ci envoya bien à Dupleix des bijoux qu’il estimait deux laks et que les experts ramenèrent ensuite à 120.000 rs. et même à 60.000 rs., mais avant que la contre-partie en numéraire ne revint au camp, il se passa près d’un mois, et, pendant ce temps, les soldats murmuraient, les cipayes refusaient de marcher et les Marates menaçaient de se retirer.

Mainville n’attendait que cette arrivée de fonds pour réaliser un projet qu’il avait conçu dès le 29 octobre et qui, dans sa pensée, devait sûrement lui livrer Trichinopoly. Ce jour-là, deux laboureurs vinrent lui dire qu’on pourrait pénétrer dans la ville pas une poterne du mur extérieur, à l’ouest de la place, poterne qui n’était bouchée que par des pierres superposées les unes sur les autres. Devant ce mur il y avait un fossé ; une roche permettait de le franchir sans difficulté. La poterne passée, on se trouvait devant un second fossé et le mur intérieur.

  1. Il est à noter, bien que n’intéressant pas directement l’histoire de Dupleix, qu’à ce moment Andrenek, considéré déjà comme le chef le plus brave et le plus capable des Maissouriens, fut sur le point de quitter l’armée, à la suite de quelques observations du raja. Déjà il avait passé le Coléron pour aller sans doute rejoindre Mahamet Ali, lorsque Mainville l’envoya chercher par son interprète Balagipendet, le ramena au camp, et le raccommoda avec Nandi Raja (19-24 novembre).