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blessures d’amour-propre et à faire cesser dans l’armée les commentaires déprimants qui résultaient du peu d’entente apparente entre les alliés ; bien plus, de peur d’indiscrétions regrettables, il interdit aux officiers d’écrire quoi que ce soit à Pondichéry. « Si je voyais quelqu’un de suspect, écrivait-il le 29 à Dupleix, je vous donne ma parole qu’il ne resterait pas vingt-quatre heures ici ». Se conformant à la politique du gouverneur, qui s’appuyait autant sur la diplomatie que sur les armes, il entra mystérieusement en rapport avec le Tondaman, dont le chef se proposait, lui disait-on, de nous livrer Mahamet Ali moyennant un lak de jaguir et deux laks de pagode en argent. Il écouta encore des propositions qui lui furent faites de Trichinopoly où quinze compagnies de cipayes faites prisonnières au temps de Law et obligées de servir avec les Anglais demandaient, semble-t-il, à nous revenir : dans une de ces compagnies, il y avait trente déserteurs français.

Rien n’aboutit. Les propositions du Tondamar communiquées à Dupleix reçurent son assentiment et des pourparlers qui se prolongèrent jusqu’en février 1754 s’engagèrent par l’intermédiaire de brames ou de vaquils agissant dans lé plus grand secret. Mais, comme le Tanjore auquel il était contigu, le Tondaman craignit de s’engager à fond dans un accord qui eut pu attirer sur lui les forces anglaises et, après l’avoir lui-même provoqué, il l’écarta peu à peu par des réticences et des réserves et, finalement, il resta fidèle à la cause de Mahamet Ali.

Quant aux compagnies de Trichinopoly soi-disant désireuses de nous revenir, il semble qu’on ait fait entrevoir à Mainville des espérances sans fondements ; aucune compagnie ne déserta en masse ; il ne nous vint que quel-