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complètement dans les vues de Dupleix et le servit en général avec fidélité et résolution. L’exemple de Bussy dont il avait vu l’œuvre féconde n’était-il pas là pour échauffer son cœur et surexciter son imagination ? Si cependant il ne réussit pas à déterminer le succès qui eut fait tomber Trichinopoly entre nos mains, il fit du moins oublier la honte des rencontres malheureuses de ses prédécesseurs et, à part un premier échec où l’honneur fut sauf, il infligea plusieurs fois à l’ennemi des défaites sérieuses et restaura dans une certaine mesure notre prestige affaibli. Mais il était écrit que la Fatalité s’acharnait à la ruine de Dupleix ; pendant neuf mois, Mainville roula consciencieusement le rocher de Sisyphe, qui retombait constamment sur ses épaules. Ce fut vraiment alors que s’engagea la lutte de Dupleix contre le Destin ; malgré des faveurs passagères, la Fortune n’eut pour lui que des sourires décevants. Les embarras financiers de Nandi Raja et l’attitude toujours équivoque de Morarao, personnifications réelles du Destin, ne cessèrent de traverser nos conceptions les mieux étudiées et ruiner tous nos projets.

Mainville arriva à Sriringam le 18 octobre au matin presque en même temps qu’un renfort de 225 hommes parti de Pondichéry le 9. Il reçut le commandement des mains mêmes de Maissin qui le quitta le lendemain soir. Ce fut la transmission de pouvoirs habituels, sans éclat et sans incidents : Maissin avait perdu toute mauvaise humeur depuis qu’il était déchargé de toute responsabilité[1]. Mainville fut satisfait de ses premières entrevues avec Nandi Raja et Morarao ; il s’appliqua à panser leurs

  1. D’un inventaire auquel Mainville fit procéder le lendemain, il résulta que nous avions à Sriringam 6 pièces de bronze, 1 pièce de fer, 1 mortier, des gargousses, 48.000 cartouches, 123 bombes, 1600 boulets de plomb ou de fer et 100 grenades. À l’hôpital il y avait 120 malades.