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encourageait, et de se maintenir fermement dans l’île de Sriringam, en paraissant croire aux protestations de dévouement de Morarao et aux bonnes intentions de Nandi Raja. Pendant ce temps, on verrait à négocier avec le Tanjore, où Manogy seul nous était notoirement hostile ; mais dans l’intérêt même de ces négociations, il ne fallait rien abandonner. Autrement, il n’en résulterait pour nous que de la honte et la perte de notre crédit. Et, ajoutait Dupleix avec une certaine tristesse :

« Je ne vois point de commandement de rechange ; il semble que tout conjure à me chagriner dans le temps qu’on devrait au contraire faire ses efforts pour me seconder… Je mets tout aux pieds du Seigneur ; c’est en lui que j’ai mon recours ; il ne m’abandonnera pas, soyez-en bien convaincu. (Lettre à Very des 26 septembre et 1er octobre.)[1]

Pour le surplus, il s’en remit complètement à Maissin pour effacer dans l’esprit de Morarao et de Nandi Raja les traces des reproches qu’il avait pu leur adresser, et les déterminer à s’entendre ensemble pour la suite des opérations. Provisoirement, on ne devait rien réclamer à Nandi Raja.

Cette attitude dictée par les circonstances vis-à-vis d’hommes qu’hier encore Dupleix chargeait de ces récriminations déconcerta quelque peu Maissin. Il n’avait jamais cru que Dupleix eut de grandes qualités militaires et, depuis Trivady et Chilambaram, il avait pu suivre la courbe de ses instructions politiques. Celles relatives à Morarao n’étaient pas les moins déconcertantes ; Dupleix et Maissin l’avaient eu successivement en horreur ou tenu en confiance, mais jamais en même temps. Actuellement, Maissin l’accusait presque ouvertement de trahison. L’es-

  1. Very était alors major des troupes de Trichinopoly.