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lerie marate et maïssourienne. C’était un nouveau blocus de Trichinopoly qui se préparait ; les Anglais le rompirent comme le précédent avec la même décision.

Dans la nuit du 20 au 21, Lawrence prit toutes ses dispositions de combat et le 21, à quatre heures du matin, il lança contre le Roc d’Or une première division. Cette surprise le rendit en un instant maître de la position ; nos canons ne tirèrent même pas. Le jour commençait à poindre ; dans les brumes incertaines de l’aurore, nos troupes désemparées luttèrent en désordre et en un instant l’affaire fut décidée. Réduites à fuir, elles se retirèrent en toute hâte dans l’île de Sriringam, laissant aux Anglais onze pièces de canon et 111 prisonniers, dont neuf officiers parmi lesquels Astruc. Le désastre eut été plus grand encore si la cavalerie tanjorienne nous avait poursuivis ; elle préféra se livrer au pillage.

Les Anglais ne profitèrent pas de leur succès pour nous poursuivre au delà du Cavery ni essayer de nous réduire aux extrémités auxquelles Law s’était trouvé accumulé quinze mois auparavant ; ils préférèrent s’assurer de tout le pays au sud du fleuve et jeter pour trois mois de vivres dans Trichinopoly ; puis, pour ne pas augmenter le nombre des bouches à nourrir, ils se retirèrent à Coilhady. Trichinopoly continua d’être gardée par le capitaine Dalton avec une garnison suffisante pour résister aux premiers chocs.

Cette troisième défaite de nos troupes en moins de trois mois jeta la consternation dans l’âme de Dupleix mais ne le découragea pas. « Il faut autant que possible, disait-il, faire bonne figure à mauvais jeu. » Et avec plus de confiance peut-être qu’il n’en avait au fond du cœur, il recommanda à Maissin réintégré à la tête des troupes, de ne point songer à la retraite comme son entourage l’y