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d’une affaire qui paraissait mal engagée. Pour flatter son amour-propre autant que pour exciter sa confiance, Dupleix lui écrivit le 26 août :

« Votre présence, Monsieur, va changer toutes nos affaires. Toute ma confiance est en vous ; vous seul pouvez réparer notre honneur ; ainsi agissez en conséquence… Toutes mes espérances sont en vous, la gloire du roi et celle de la nation. Puis-je mieux les placer ? Chacun se rejette la pierre sur toutes les mauvaises manœuvres que l’on a faites. Dieu sait qui a raison, mais je sais que Ton ne peut plus mal opérer. »

Au nombre de ces manœuvres, Dupleix ne comptait sans doute pas ses vaines menaces contre Nandi Raja et cependant il n’est pas douteux que les embarras financiers qu’elles révélèrent trop ouvertement n’aient enlevé à nos troupes, aussi bien blanches que noires, une partie de leur confiance et de leurs moyens d’action, en leur laissant craindre qu’elles poursuivaient une œuvre éphémère sans lendemain assuré. D’autre part les sentiments parfois contradictoires de Dupleix, dictés par des considérations politiques sans doute fort légitimes, n’en avaient pas moins quelque chose de déconcertant pour les chefs chargés de les interpréter. Enfin, quelque initiative qu’il laissât à ses officiers, il les gênait souvent par des instructions impératives, mal appropriées aux circonstances et qu’il était quelquefois obligé de modifier quelques jours et même quelques heures après.

La défaite du 9 août n’avait pas relevé notre prestige aux yeux de Nandi Raja ; il nous accusait ouvertement de l’avoir abandonné dans cette journée et sans la présence d’esprit et de courage d’un nommé Edernaïquen ou Andrenek, il se fut trouvé, disait-il, en mauvaise posture[1]. Aussi fut-il moins pressé que jamais de payer ses

  1. Notons en passant ce nom d’Andrenek ; il n’est autre que le célèbre Haïder Ali.