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Brenier n’avait point désiré ce commandement, il le plaignit plutôt, mais en même temps décida de le remplacer par Maissin. Encore le fit-il avec une extrême délicatesse.

« … J’ai écrit à M. de Maissin pour presser sa marche, lui fit-il savoir le 15 août, à minuit ; donnez-lui de vos nouvelles, tant sur l’endroit où il doit passer les rivières que sur ce qui se passe. Je vous préviens aussi de ne rien faire sans le consulter pendant qu’il sera auprès de vous. Vous connaissez tout ce qu’il vaut et ce qu’il sait ; les Marates ont toute confiance en lui ; il la mérite et si je ne craignais pas de vous chagriner, je vous prierais de lui faire offre du commandement pendant son séjour ; il vous le laisserait à son départ. Vous imiteriez en cela le Duc de Noailles qui, sans difficulté, servit sous le maréchal de Saxe, son cadet. Je laisse cela à votre opinion. On ne peut qu’apprendre beaucoup de lui ; voyez si le bien général peut exiger de vous ce sacrifice. »


Le pouvoir partagé entre Brenier et Maissin, puis Maissin seul commandant. — Brenier souscrivit de bonne grâce à cette proposition, et il fut d’abord entendu que tout en étant subordonné à Maissin, il garderait le commandement des troupes qu’il avait actuellement et qu’ensuite il resterait devant Trichinopoly pour le bloquer, tandis que Maissin irait à la poursuite de l’ennemi.

« Tout cela, lui écrivit Dupleix, ne préjudiciera en rien à votre rang. Soyez tranquille à ce sujet ainsi qu’à votre petite fortune. »

Maissin fut moins conciliant ; il éleva des objections lorsqu’on lui offrit un pouvoir partagé et peut-être n’avait-il pas tort. Avec une abnégation rare, Brenier leva ses scrupules par une abdication complète ; mais, même alors, il fallut des ordres formels et réitérés de Dupleix pour décider Maissin à accepter le commandement : il ne lui plaisait nullement de prendre la suite