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der les terres. Pour la première fois, le 8 août, Dupleix entrevit le parti qu’il pourrait tirer de cette mesure. « Il ne faut pas, écrivit-il à Brenier, épargner la digue que les gens du pays appellent anacatty ; la destruction de cet ouvrage est la ruine de tout le pays. »

Il n’eut pas le temps de réaliser ses menaces. Lawrence avait déterminé le roi à lui donner 3.000 cavaliers et 3.000 cipayes et comme il avait reçu lui-même le 3 août un renfort de 170 Européens, nouvellement arrivés d’Europe, il s’était décidé avec toutes ses forces à conduire à Trichinopoly un convoi de plusieurs milliers de bœufs pour ravitailler la place. Le 9, il fut en vue de la ville. Les Français lui en barraient l’accès par une série de postes qui s’échelonnaient depuis Weyconde à l’ouest, jusqu’au Roc Français au nord-est, en passant par le Roc d’Or ou Pain de Sucre : ce dernier formant la clef de voûte de notre position. Nul doute que Trichinopoly eût été pris le thème jour si Lawrence s’était brisé devant cette barrière. Il fut assez habile pour masquer sa manœuvre et, par un mouvement tournant heureusement dissimulé, il s’empara du Roc d’Or que nous avions dégarni. La perte de ce poste ouvrit une brèche dans la défense de Trichinopoly : on se battit en rase campagne, homme contre homme, cipaye contre cipaye. La cavalerie maïssourienne qui aurait pu nous secourir ne donna pas. Nous fûmes battus et nos troupes coupées en deux se retirèrent les unes à Weyconde et les autres à Allatour ou Allitoré, à la tête de l’île de Sriringam. L’affaire nous avait coûté une centaine d’Européens et aux Anglais une quarantaine.

Cet échec incombait sans nul doute à Brenier, qui avait été dupe des mouvements de l’ennemi. Dupleix n’eut pas le courage de l’accabler de trop de reproches :