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deux feux, et lui couper par surcroît ses communications avec la mer.

La réalisation de ce programme supposait une unité de commandement. Ce fut naturellement à Brenier, le plus ancien capitaine, qu’il fut dévolu. Afin toutefois de ménager la susceptibilité de Maissin, habitué depuis plusieurs mois à ne dépendre de personne, Dupleix décida qu’il continuerait de commander les troupes actuellement sous ses ordres et qu’il camperait à part. Brenier devait le consulter sur toutes les opérations à entreprendre.

Cependant Morarao continuait de ménager le Tanjore, comme s’il voulait se faire payer sa neutralité et Dupleix ne voyait aucun moyen de faire cesser l’équivoque. Il ne le pouvait qu’en menaçant de rompre le contrat qui le liait avec les Marates ; il commença d’y songer. « Si, écrivait-il le 11 août à Maissin, Morarao ne veut pas vous y [le Tanjore] suivre, je ne suis plus tenu à rien à son égard. Tous ses ménagements le perdent. »

Ainsi les destinées de Morarao et celles du Tanjore risquaient de se trouver associées. Dupleix n’envisageait pas cette éventualité sans une certaine inquiétude, d’autant plus qu’il savait par ses espions que le roi, cédant à la pression des Anglais, s’apprêtait, comme il le fit en effet, à mettre quelques troupes à leur disposition. Pour conjurer ce danger, il conçut un projet quelque peu rigoureux.

Comme l’Égypte avec le Nil, le Tanjore est un présent du Cavery, dont les eaux retenues par de puissants barrages au sortir de Trichinopoly, se répandent ensuite à travers le pays par d’innombrables canaux qui donnent aux récoltes l’élément humide sans lequel elles ne se développeraient pas. Détruire ces barrages, c’était rendre aux eaux leur cours naturel dans la rivière, sans fécon-