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mes lettres, que vous ne me faites part que de ce qui vous plaît, malgré mes prières répétées de me laisser ignorer de rien, que vous vous êtes arrogé une autorité et des pouvoirs que vous n’aviez pas, qu’enfin vous avez agi dans toutes les affaires depuis que vous êtes là suivant vos idées, sans vous inquiéter des suites ; et moi je finis la présente par vous dire que quiconque ne sait obéir ou ne le fait qu’à contre-cœur n’est point capable de commander, ce qui m’a fait prendre le parti d’envoyer à l’armée une personne à qui vous remettrez le commandement aussitôt son arrivée. »

Ces paroles étaient dures et injustes. Astruc ne pouvait deviner que dans les instructions qu’il recevait depuis deux mois, il fallait entendre le contraire de ce qu’elles contenaient. Les énigmes ne décident pas du sort des batailles. Si Dupleix voulait simplement intimider Nandi Raja, encore fallait-il qu’il laissât comprendre à Astruc d’une façon assez claire qu’il ne s’agirait que d’une épreuve. La retraite au nord du Cavery n’était pas en elle-même une mauvaise affaire si elle eût été mieux expliquée. Comme elle aboutit au désaveu d’Astruc et que dans la suite Nandi Raja ne fut pas plus exact à verser les subsides qu’il devait, elle ne servit qu’à souligner l’impuissance de Dupleix à exécuter ses menaces et son autorité ou son prestige n’en furent nullement consolidés.


Brenier succède à Astruc. — Le successeur d’Astruc partit de Pondichéry le 27 juillet ; c’était Brenier dont la modestie, l’esprit de discipline et la prudence étaient connus. Ce n’étaient peut-être pas des qualités suffisantes pour entraîner des troupes et en imposer à Nandi Raja. Lorsqu’il arriva au camp, nos troupes avaient déjà repassé sur la rive droite du Cavery. Dupleix n’avait