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on arriva au bord du Cavery et on commença à le passer. Nandi Raja, comprenant enfin qu’il avait perdu tout crédit, fit remettre à Astruc vers les sept heures du soir la lettre de change dont il avait parlé ; Astruc n’en continua pas moins sa retraite et le lendemain il ne restait plus, sur la rive droite du Cavery, que Nandi Raja avec ses Maïssouriens.

Le mieux, dit-on, est souvent l’ennemi du bien. Dupleix n’avait jamais supposé que ses ordres seraient exécutés à la lettre ni si rapidement et, depuis le 12, il en avait envoyé d’autres par lesquels il invitait Astruc à se contenter des bijoux.

« Je crois que vous auriez pu les accepter, lui écrivit-il le 21 en une réponse à une lettre du 18, d’autant mieux que vous avez dû penser que tout ce que je vous ai dit de faire n’était que pour amener ce paiement d’une façon ou d’une autre et pour connaître les intentions de Nandi Raja sur sa bonne ou mauvaise volonté ;… il serait honteux à vous de l’abandonner dans les circonstances présentes ; aussi j’apprendrai avec plaisir que vous vous soyez contenté de ce qu’il a pu faire. »

Aussi fut-il atterré quand il apprit que tout était consommé : ses nouvelles instructions étaient arrivées trop tard. Il espéra un instant qu’Astruc, satisfait de la remise de la lettre de change, serait revenu sur ses pas. Mais lorsqu’il sut toute la vérité, il cria au déshonneur qu’un tel abandon faisait rejaillir sur nos armes. Nandi Raja n’avait-il pas commencé à tenir ses engagements ; il fallait au moins en attendre la suite. Mais non ! Astruc n’en avait fait qu’à sa tête et n’obéissait qu’autant qu’il lui plaisait. Une telle conduite était intolérable.

« Il est aisé de conclure, lui écrivait Dupleix le 26, que je me suis trompé en vous chargeant du commandement de nos troupes, que vous ne faites aucun cas de mes ordres et de