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de vagues promesses, Dupleix donna enfin à Astruc le 11 juillet l’ordre ferme de se retirer avec ses troupes blanches, noires et marates, de repasser le Cavery et de ramener avec lui toutes les munitions, à moins que dans les deux jours Nandi Raja ne se fût exécuté.

« Ce que je vous marque est très sérieux, lui écrivait-il, et je vous ordonne au reçu de la présente d’avertir tous vos postes de se tenir prêts à marcher aussitôt que vous leur en donnerez l’ordre et vous ne manquerez pas de m’informer en toute diligence du parti auquel vous aurez été obligé de vous conformer… J’attendrai avec impatience la réponse à la présente. »

Il confirmait ces ordres le lendemain :

« Il n’y a, je crois, d’autre parti à prendre que celui de se retirer ; j’avoue que les choses étant en si bon train, il serait fâcheux d’en venir à cette extrémité, mais dans des cas forcés et lorsqu’on s’aperçoit que l’on est joué, il faut se décider. »

Sitôt ces ordres reçus, Astruc fit commencer les préparatifs de départ (16 juillet) ; toutefois, suivant les instructions de Dupleix, il donna deux puis quatre jours à Nandi Raja pour tenir ses engagements. Celui-ci se rendit compte que la partie était plus sérieuse qu’il ne le pensait, mais, comme il n’avait réellement pas de fonds disponibles, il remit à Astruc une certaine quantité de bijoux en gage et promit de lui fournir une lettre de change de deux laks. Astruc avait été tant de fois berné qu’il considéra cette remise comme insuffisante et réunit aussitôt ses officiers pour leur demander leur sentiment. La réunion eut lieu le 21 un peu après minuit.

Tous furent d’avis qu’il fallait partir : ni les bijoux ni la promesse ne valaient rien, la promesse surtout. En conséquence on leva le camp le jour même à trois heures du matin et à quatre on était en marche. Douze heures après,