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nopoly. Comme le Sénat romain honorant un consul malheureux, Dupleix écrivit à Astruc :

« Je sens au mieux toute la peine que cette déroute vous a fait, mais vous devez d’autant mieux vous en consoler que vous avez fait tout ce qui a dépendu de vous pour que l’affaire se tournât à votre avantage. Bon courage. Monsieur, Dieu a voulu vous éprouver ; notre soumission à sa volonté nous le rendra propice… il ne nous abandonnera pas[1]. »

L’affaire, si vive qu’elle eût été, n’avait pas coûté de grosses pertes aux deux armées ; cependant Lawrence put écrire que s’il remportait encore une ou deux victoires de ce genre, il laisserait tous ses soldats dans les plaines de Trichinopoly. Sentant ses forces diminuer, il résolut avec Mahamet Ali d’aller à Tanjore pour essayer d’entraîner franchement le roi dans leur parti. Il partit donc le 2 juillet et s’en vint camper à Canandercoil, à moitié chemin de Trichinopoly et de Tanjore ; là, il apprit que le roi s’était décidé en sa faveur et allait lui envoyer Manogy avec 3.000 cavaliers et 3.000 cipayes. Ces troupes arrivèrent en effet une dizaine de jours plus tard.

Après l’affaire du Roc d’Or, Dupleix avait décidé d’envoyer à Astruc un renfort de 100 blancs, 500 cipayes et

  1. Il semble aussi que notre échec ait été dû en partie à un désaccord entre Astruc et Saint-Aulas, les seuls capitaines de l’armée. Ils avaient chacun un projet différent pour l’attaque. Astruc ayant accepté sans conviction celui de Saint-Aulas, lui fit ensuite des reproches sur son insuccès. Saint-Aulas, fort susceptible, quitta l’armée. Dupleix employa toute sa diplomatie à apaiser le différend et à les réconcilier. Il écrivit à Astruc : « Votre vivacité dans cette explication [avec St-Aulas] aura été poussée trop loin ; vous n’ignorez pas celles que vous avez eues quelquefois avec moi, à plus forte raison pouvez-vous les avoir eues avec lui. Vous vous êtes repenti des premières et je vous ai donné des marques certaines que je les ai oubliées. » À la prière de Dupleix, Astruc fit un simulacre d’excuses et Saint-Aulas revint à l’armée.