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l’Inde du Sud ; depuis leur visite à Pondichéry, elle s’était liée avec leurs femmes ou avec leurs mères. Lorsqu’il survenait un événement de quelque importance elle leur écrivait, et son intervention était généralement opportune. Elle fut moins bien inspirée le jour où elle se mit à traiter avec des hommes qu’elle n’avait jamais vus, comme Saunders, le roi de Tanjore, Mahamet Ali ; Saunders lui fit assez brutalement sentir qu’elle sortait de son rôle. Quant à déterminer si, dans l’ensemble, son influence fut plus utile que funeste, la question paraît insoluble. Il était dans les principes de Dupleix de provoquer des conseils avant de prendre une décision : il n’était pas dans son caractère de les suivre, autrement qu’en engageant sa pleine et entière responsabilité.

La lettre qui devait être remise à Mahamet Ali dans le plus grandi mystère était tout à fait conforme au génie de l’Inde. On faisait entendre à ce prince que s’il voulait se contenter de Trichinopoly, retirer son monde de la province d’Arcate, rendre nos prisonniers et nous donner sur tous ces points des gages assurés de sa parole, on donnerait l’ordre à Astruc de revenir avec toutes ses troupes et Nandi Raja s’arrangerait de la paix comme il l’entendrait. La lettre ne devait toutefois être remise à Mahamet Ali que s’il était établi que le général maïssourien ne cherchait qu’à nous amuser. Il ne paraît pas qu’elle ait jamais été envoyée au destinataire. Soit qu’on se fût contenté du premier versement de Nandi Raja, soit qu’après réflexion la démarche ait paru inopportune ou dangereuse, il ne fut fait au nabab aucune proposition.

Les opérations militaires continuèrent donc comme si nulle difficulté financière ne les traversait et Dupleix envoya de nouveaux renforts. Le 2 juin, il fit partir de