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médiocre effet. Était-il d’ailleurs, bien certain ! qu’il tint à être très exactement payé ? L’insolvabilité de Nandi Raja lui donnait une sorte d’hypothèque sur Trichinopoly et le droit de ne remettre la place qu’après l’apurement de tous les comptes ; or plus la dette augmenterait, plus le règlement serait difficile ; plus aussi nous aurions un prétexte honnête de garder pour nous la conquête. Comme l’écrivait Dupleix à Astruc le 11 juin, on pourrait ainsi faire « chanter » les Maïssouriens. Il importait cependant que Nandi Raja donnât parfois des acomptes plus ou moins élevés, pour ne pas nous mettre dans la nécessité de subvenir seuls aux frais de la guerre. Les ressources de Dupleix n’étaient pas inépuisables.

L’Inde est le pays des combinaisons subtiles. En même temps qu’il cherchait, assez faiblement encore, à faire pression sur Nandi Raja pour obtenir de lui de l’argent, Dupleix songeait, dans le cas où son espoir serait déçu, à s’entendre avec Mahamet Ali. Sur la fin de mai ou dans les premiers jours de juin, Astruc, reçut une lettre destinée éventuellement au nabab. Cette lettre n’était point du gouverneur mais de sa femme.

Ce n’était pas la première fois que Mme Dupleix s’occupait des affaires générales du pays ; à vrai dire elle ne cessa jamais d’y participer depuis son arrivée à Pondichéry et surtout depuis les grands événements qui accompagnèrent et suivirent la prise de Madras ; elle y prenait manifestement un plaisir extrême, et son mari l’y autorisait. Il savait qu’il pouvait avoir en elle toute confiance tant à cause de son intelligence que de sa connaissance des gens et de la langue du pays et que nul mieux qu’elle ne pouvait l’aider à débrouiller les fils toujours emmêlés de la politique indienne. Elle était en rapport avec presque tous les hauts personnages de