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Bussy et Kerjean de 4 à 5 lacks. Ces fortunes sont aussi extraordinaires que vraies. Ce ne sont point les imaginations de l’Île de France. Celles-ci existent en bonnes espèces sonnantes et rendues dans la colonie où il est entré depuis un an des richesses immenses. » (Ar. V. 3749, f° 7-7).

C’étaient de gros chiffres même pour l’époque. Les officiers et même les troupes virent leur solde majorée de cinquante pour cent. Deux mois plus tard, d’autres gratifications dont nous n’avons pas le chiffre furent distribuées après l’occupation d’Aurengabad.

Comme au Carnatic, Dupleix trouvait ces gratifications toutes naturelles : « Vous ne sauriez trop recevoir de bien, écrivait-il à Bussy le 18 avril 1751, et j’en recevrai toujours la nouvelle avec plaisir. » — « Tant mieux, mes amis, écrivait-il quelques jours plus tard, il ne peut vous arriver trop de bien ».

Et cette citation encore, — ce sera la dernière : « Ma foi, je souhaite bien que vous sortiez de là tous riches comme des Crésus et que vous soyez tous en état de me bien régaler, lorsque nous nous trouverons tous dans la bonne ville de Paris[1]. »

Il parut cependant à Dupleix que ces gratifications, par leur exagération même, risquaient de dépasser le but qu’elles devaient atteindre ; il craignit qu’elles ne nous aliénassent l’esprit des populations et ne rendissent notre mission plus difficile. Aussi, après notre entrée à Hayderabad, recommanda-t-il très vivement à Bussy, à Kerjean et à Vincens de ne plus rien demander à l’avenir, mais au contraire de payer Salabet j. de reconnaissance et de fidélité. Cependant il ne les découragea pas autant qu’il eût fallu. Si, leur expliqua-t-il, Salabet j. voulait encore

  1. D. à Bussy. Arch. V. 3.748, f° 20.