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Lawrence, sous les murs de Trichinopoly, mais comme il lui fallait en même temps surveiller les mouvements de Mahamet Ali et qu’on ne savait au juste si ce prince regagnerait Trichinopoly ou se retirerait à Goudelour ou à Devicotta, cette incertitude paralysa notre marche. Toutefois le plus grand retard provint de la pléthore des munitions. Trop chargés, plusieurs chariots rompirent leurs essieux et l’on dut les réparer sur place. Enfin on arriva à Sriringam le 8 mai, trop tard pour arrêter Lawrence ; il venait d’entrer dans Trichinopoly.

Dupleix reçut alors 450 recrues qui débarquèrent de l’Auguste et du Lys les 9 et 23 mai et il lui en arriva 100 autres par le St-Priest le 23 juin. Ces renforts nous auraient peut-être assuré la victoire si dès le premier jour Dupleix ne s’était trouvé aux prises avec des difficultés financières qui jusqu’à la fin vont rendre tous ses efforts à peu près inutiles. D’après nos conventions avec le Maïssour, nous n’étions entrés en campagne que pour lui assurer la possession de Trichinopoly ; il convenait donc que Nandi Raja, son général, assurât régulièrement la solde de nos troupes ; sinon il y avait quelque chance qu’elles ne se battraient pas ou se battraient mal. Or, à peine Astruc était-il arrivé à Sriringam que Nandi Raja lui déclara qu’il n’avait pas d’argent. Peu habitué encore à ce genre de réponse, Dupleix laissa entendre à Astruc par lettre du 13 mai que si les subsides promis par l’accord du 23 février ne nous étaient pas remis, il recevrait vraisemblablement l’ordre de se retirer.

Un premier engagement eut néanmoins lieu dès le 10 mai ; il est vrai que ce fut Lawrence qui attaqua, dans l’intention de nous attirer hors de Sriringam. Après une canonnade qui dura onze heures, sans grandes pertes de part et d’autre, il se retira pour aller camper au Bois du