Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/336

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Anglais qu’on en voulait à leurs postes de la côte et pendant qu’ils rappelleraient des troupes pour les défendre, Maissin tournerait tout d’un coup du côté d’Arcate, dont il lui serait aisé de s’emparer.

Godeheu ne raisonnera pas autrement l’année suivante, lorsque désespérant de faire la paix avec les Anglais, il songea un moment à rappeler toutes nos troupes de Trichinopoly pour les porter contre Arcate ; seulement il n’envisageait pas qu’il put mener les deux opérations de front. Esprit plus vaste mais aussi plus chimérique, Dupleix se rendait moins compte des difficultés.

Ce projet conçu vers le 15 juin n’eut d’ailleurs que la durée d’un feu de la Saint-Jean. Morarao commit des indiscrétions ; d’autre part l’état de nos troupes devant Trichinopoly ne permit pas à Maissin de laisser Astruc trop à découvert du côté de l’est ; il resta donc à Vredachalam.

De ce point situé à peu près à égale distance de Goudelour et de Sriringam, il pouvait observer tous les mouvements de l’ennemi du côté du sud, et ce fut pour un temps l’objet principal de sa mission. Depuis que nous occupions Trivady, Chilambaram et Vredachalam, l’ennemi ne pouvait plus espérer ravitailler Trichinopoly par le nord du Coléron, mais la voie de Devicotta-Tanjore restait ouverte. Il appartenait à Maissin d’essayer de la fermer s’il apprenait qu’un convoi de vivres ou un détachement militaire dussent s’y engager. Et déjà Dupleix songeait à s’entendre avec le Tanjore et même avec le Tondaman pour les faire sortir de la neutralité.


Indépendance effective de Morarao. — Cependant Morarao continuait de n’agir qu’à sa guise ; il marchait quand il lui plaisait et ses gens, quoique payés par