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traiter de bagatelles, que vous ne connaissiez pas et qui cependant sont de la dernière importance…

« Voilà ma réponse à ce grand ami de la nation [Moudamia] ; elle est décisive. S’il ne veut pas recevoir la garnison que je vous ai prescrit d’y mettre, il n’y aura rien de terminé. Si vous voulez rendre service à cet homme, vous devez lui conseiller de la recevoir. »

Quelques jours auparavant, Dupleix avait prescrit à Maissin de se porter sur Vredachalam, où il devait rencontrer Véry. « Si, continua-t-il en la même lettre, lorsque vous aurez rejoint M. Véry, votre mauvaise humeur continue, vous pouvez lui remettre le commandement de l’armée ; peut-être que la bile moins en mouvement vous laissera la liberté de faire quelque autre réflexion, au moins vous en donnerai-je le temps. »


Une diversion avortée sur Arcate ou Madras. — La leçon porta ; Maissin vint à Pondichéry, eut avec Dupleix une explication dont Morarao fit tous les frais et retourna à l’armée. Ce fut sans doute au cours de ces conférences que Dupleix reprit pour la troisième fois l’idée qui lui tenait tant à cœur de faire une diversion dans le nord. Il sentait d’instinct que c’était à Arcate qu’il fallait frapper ; l’ennemi l’ayant perdue rassemblerait sans doute ses troupes à la côte pour protéger Madras menacé à son tour et ce ne serait plus qu’un jeu de s’emparer de Trichinopoly. Il convint donc avec Maissin que celui-ci, dissimulant son projet par des manœuvres quelconques, marcherait ostensiblement vers le Cavery, comme s’il voulait attaquer le Tanjore, puis se replierait brusquement sur Villapouram, Vicravandy et Conjivaram. Pendant ce temps Morarao avec sa cavalerie dirigerait un raid sur Chinglepet. On donnerait ainsi l’illusion aux