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Dupleix trouva ces conditions trop avantageuses pour l’ennemi, « parce que, disait-il, dans tout pays 600 hommes renfermés dans la même enceinte sont infiniment supérieurs à 7, les premiers ne fussent-ils armés que de bâtons. » Dut Maissin passer pour parjure, Dupleix lui ordonna de laisser dans la place 25 blancs, autant de topas et 300 cipayes avec deux officiers[1].

On vit alors que l’autorité de Dupleix sur les officiers qu’il mettait à la tête de ses troupes était moins grande qu’on ne se l’imagine généralement. Il déplut tout à fait à Maissin de passer pour parjure et il le laissa nettement entendre. Contrairement à son habitude, Dupleix se fâcha et parut décidé à le remplacer brutalement. Le 7 juin, il lui adressa une lettre où il résumait contre lui ses griefs, qui tous ne se rapportent pas à l’affaire de Moudamia. Énumérons-les :

« Ce débarquement de 600 ennemis, Cet essieu d’un affût qu’il faut quatre jours pour rétablir, ces cartouches qui ne portent pas les balles à dix pas, ces murs de cinquante pieds, ces cipayes qui meurent de faim, ces mêmes cipayes qui ne dépensent point quatre roupies par mois et qui en ont neuf, ces Tanjoriens qui étaient à dix lieues et qui devaient venir vous attaquer, tous ces articles et bien d’autres que je pourrais vous citer ne me laissent aucun lieu de douter de votre façon de penser à mon égard. Je ne suis pas moins présomptueux que le reste des hommes pour ne point sentir qu’on ne doit pas me la faire connaître dans des matières aussi essentielles que celles que je traite avec vous. Je sais qu’il est dur à l’homme de dire qu’il s’est trompé, mais je pense qu’il suffisait de me dire que vous aviez cru bien faire, quoique vous eussiez accordé les articles dont je ne vous avais jamais parlé, que vous voulez

  1. Il semble que dans cette affaire, Innis kh. ait épousé les intérêts de Moudamia ; il venait, disait-on, de recevoir de lui un serpeau de 500 rs. sans compter 5.000 rs. (Lettre du 3 juin, à Maissin).