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les convois de l’ennemi ; lui-même n’avait mis aucun zèle à poursuivre Mahamet Ali ; maintenant encore il semblait mesurer ses mouvements aux gains qu’il en espérait. Plus que jamais Dupleix déplorait l’obligation où il s’était trouvé de prendre « ce voleur » à son service. Maissin ferait bien de s’en défier[1].


Occupation de Chilambaram. Difficultés avec Moudamia. — Les opérations contre Chilambaram se ressentirent d’un concours si mesuré. Chilambaram, à 45 kilomètres au sud de Trivady, est un gros bourg au milieu duquel se dresse une pagode à triple enceinte, célèbre dans toute l’Inde du Sud. Il était administré par un amaldar du nom de Moudamia, homme riche, bien apparenté, et ami des Anglais. Les premières forces que nous envoyâmes contre la place sous les ordres d’un officier du nom de Saint-Julien, furent insuffisantes. Une escalade échoua par la faute d’un sergent. Pour sa punition, Dupleix ordonna de le promener sur un âne, le casser et le renvoyer ensuite à Pondichéry. Mais Chilambaram n’était pas comme Trivady, elle n’avait pas de mur d’enceinte et la pagode constituait sa seule défense. Après une seconde escalade, elle se rendit le 26 mai. Il ne s’y trouva que 5 à 6 blancs que Moudamia laissa évader et un certain nombre de cipayes au service des Anglais.

Maissin conclut avec Moudamia un accord en vertu duquel celui-ci garderait 600 cipayes et continuerait de jouir du produit de ses terres ; de notre côté, nous entretiendrions dans la place 25 blancs et 50 cipayes.

  1. « Il me paraît que Morarao vous fait croire tout ce qu’il veut ; il vous faut encore quelques années d’expérience pour vous mettre au fait des tours et fourberies des gens du pays et surtout de cette race marate. » (Lettre du 23 mai).