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Dans toutes ses lettres, il ne cesse de dire que les gratifications ne conviennent qu’aux seuls officiers et parfois aux troupes. Ses services ou ses bienfaits étaient récompensés d’une autre façon, plus lucrative encore ; on lui donna des jaguirs ou des concessions de terres, telles que celles de Valdaour, près Pondichéry et celles de Devracotta et de Mafousbender, à la côte d’Orissa, auxquelles étaient attachés des revenus plus ou moins importants ; encore abandonna-t-il à la Compagnie la jouissance des aldées de Devracotta et ne prit-il pas possession de Mafousbender. Il n’est cependant pas impossible qu’il ait reçu parfois quelques libéralités personnelles, revêtant la forme de gratifications. Sa lettre à Bussy du 8 mars 1751 permet à cet égard toutes les suppositions.

Quoi qu’il en soit, il n’est pas douteux que dans le Carnatic les contributions imposées au roi de Tanjore, le partage du trésor de Nazer j., et les gratifications ou libéralités procurèrent à Dupleix des recettes « obscures » assez importantes, que des procédés plus obscurs encore lui permirent de constituer une sorte de caisse noire, indépendante de celle de la Compagnie, mais nécessaire à sa politique ; mais nul ne peut dire ce qu’il en retira.

On est mieux renseigné sur ce qui se passa dans le Décan.

Au lendemain de l’entrée de nos troupes à Hayderabad, en avril 1751, Bussy, qui les commandait, reçut une gratification d’au moins 300.000 rs. Kerjean qui le secondait reçut environ 250.000 et Vincens, beau-fils de Dupleix, 200.000. Un simple interprète de Pondichéry, Delarche, fut gratifié de 100.000 rs. ou 240.000 livres.

Dans une lettre à Barneval du 15 octobre 1761, Dupleix lui disait :

« Nos messieurs qui sont à Aurengabad ont fait des fortunes immenses. Vincens possède au moins 2 lacks (480.000 liv.), et