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de chose, puisqu’au lieu de m’en dire quelque chose, vous concluez par souhaiter l’arrivée des vaisseaux pour être plus eu force. Serait-il décidé qu’il faudra dorénavant deux Français pour battre un Anglais ? C’est ce que je puis penser de tout ce que vous me marquez. Cependant combien pourrai-je vous citer d’exemples du contraire dans l’Inde. J’ai meilleure opinion de ma nation ; elle se pique d’honneur et elle est capable d’en avoir, mais il ne faut point l’accabler de reproches comme ont trop fait les jeunes gens que la raison ne domine pas encore. Ôtez à l’ennemi une centaine de Suisses qui lui restent, tous les autres ne sont qu’un ramassis de canailles de l’Inde et de l’Europe. Les derniers venus de cette partie ne savaient pas distinguer leur droite de leur gauche ; on en fait aujourd’hui des soldats sans pareil et on en augmente le nombre. Pourquoi ces braves n’ont-ils pas accablé La Volonté, quand seul avec sa troupe il a été à leur poursuite ? »

Les événements qui se traînaient péniblement depuis plus de trois mois prirent tout d’un coup une autre allure le 20 avril.


Lawrence appelé au secours de Trichinopoly. — Dupleix envoie contre cette ville une nouvelle armée. — Ce jour-là, Lawrence apprit par un messager de Dalton que Trichinopoly vivement pressé par les Maïssouriens, installés à Sriringam, n’avait plus que pour trois semaines de vivres. Sa décision fut vite prise ; il partit le 22, laissant à Trivady le capitaine Chace avec 150 Européens et, 500 cipayes, traversa le Tanjore, où le roi lui fit un accueil aimable mais ne lui donna aucun secours et arriva le 5 mai à Trichinopoly. Il avait avec lui 500 hommes disponibles et 2.000 cipayes, tandis que Nandi Raja avait 10.000 cavaliers, 6.000 fantassins et environ 100 européens. Celui-ci avait donc la supériorité numérique et Lawrence l’éprouva à ses dépens deux jours plus tard, lorsqu’il voulut