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Maissin de s’entendre avec Morarao ; ils causaient ensemble, mais ne concluaient pas.

« Je suis extrêmement surpris de notre indolence, écrivait Dupleix à Véry, le nouveau major des troupes ; j’ai beau renforcer la troupe, tout cela n’aboutit à rien et l’on ne me propose pas la moindre idée ; l’on fait même la sourde oreille à celles qui sont proposées : l’ennemi est d’une tranquillité admirable ; serait-il assuré que nous ne formons aucun dessein ? » (10 mars).

Cependant, si faibles que fussent nos attaques, l’investissement de Trivady ne laissait pas que d’ébranler la place. Harcelés par les Marates, inquiétés dans leurs limites elles-mêmes, les Anglais rencontraient les plus grandes difficultés pour la ravitailler et les vivres y devenaient fort rares. Fin mars, on était réduit à l’extrême détresse ; prévoyant une issue fatale, Mahamet Ali prit le parti de se sauver et de retourner, s’il le pouvait, à Trichinopoly.

Enfin Morarao, Maissin et Dupleix tombèrent d’accord sur une action, qui fut fixée au 1er avril. Ce jour-là, comme Lawrence revenait de Goudelour avec un convoi, il fut assailli par toute notre armée à trois milles de Trivady. Ce ne fut pas une grave défaite pour les Anglais ; ils nous tinrent en respect, mais perdirent une partie de leur convoi qui tomba entre nos mains. Si notre artillerie avait été placée comme elle eût dû l’être, l’affaire tournait entièrement à notre avantage. Morarao perdit son frère, qui fut tué ; nous eûmes pour notre part 5 tués et 11 blessés ; les Anglais, d’après Dupleix, auraient perdu 53 blancs dont quelques-uns moururent subitement en chemin tant par la chaleur que faute d’eau. Dupleix envoya 1.000 rs. pour être remises aux cipayes blessés, ainsi qu’aux sergents et soldats qui avaient montré un peu de fermeté. « Il faut espérer, disait-il, que la troupe