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prendre Trivady entre deux feux, l’un à l’ouest, l’autre au nord. Pendant ce temps, un second corps de cavalerie menaçait d’interrompre les communications à l’est du côté de Goudelour, tandis que d’autres cavaliers opéreraient au sud, dans la direction de Chilambaram et de Bonneguiry. Trivady serait alors investi de tous côtés et c’était peut-être la prise de Mahamet Ali, qui s’y trouvait enfermé.

Maissin ne manquait pas de talent ; dans une lettre du 26 octobre précédent à Brenier, Dupleix vantait son zèle et sa connaissance du service ; mais c’était un esprit peu flexible et peu disposé à accepter a priori toutes les suggestions de Dupleix. Il commença par prendre la défense de du Saussay et justifier son attitude ; dans d’autres circonstances il montra encore l’indépendance de son caractère en n’exécutant pas à la lettre tous les ordres qu’on lui donnait. Quoiqu’il eut reçu en février des renforts, qui portèrent son armée à 4.200 hommes, non compris les Marates, il ne fit ce mois-là aucun mouvement appréciable pour inquiéter lui-même l’ennemi. Un de ses lieutenants, Lambert, fut assez heureux avec 700 hommes pour s’emparer de Tricolour, ce qui nous donna de nombreux champs de riz mûrs pour la récolte et nous ouvrit l’accès de Bonneguiry et de Chilambaram. Dupleix recommanda de s’emparer d’abord de Bonneguiry.

Le mois de mars tout entier se passa sans modifier la situation. Dupleix s’impatientait autant de notre inaction que des frais qui couraient en pure perte. Il avait beau recommander à Morarao de s’entendre avee Maissin, à

    vous avez dessein d’y laisser. Il faut aussi que le corps de cipayes paraisse nombreux ; les ruses sont nécessaires dans la guerre et je vous prie d’en faire usage autant qu’il sera possible. » (Lettre à Maissin, du 2 février).