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Si Dupleix donnait des indications si précises, trop précises peut-être, parce qu’à la longue elles devenaient agaçantes, c’est qu’il était renseigné pour ainsi dire heure par heure de tous les mouvements de nos troupes ; mais il n’aimait pas qu’on le leurrât de simples espérances. Mieux alors valait le silence.

« J’ai toujours été dans l’attente de la réussite qu’aurait eue l’opération plus sérieuse que vous me promettiez. Je vous dirai même que cette espérance m’a causé des inquiétudes et des insomnies que je vous prie de m’éviter autant qu’il sera possible. J’aime mieux n’apprendre les choses qu’après qu’elles sont faites que d’être dans les inquiétudes où me jette cette connaissance. Ainsi dispensez-vous de me prévenir sur ces sortes d’opérations et ne m’en faites part que lorsqu’elles sont exécutées, vous laissant à ce sujet le maître de faire tout ce que vous croirez pour tenir l’ennemi en alarmes et le gêner dans les vivres. » (Lettre à du Saussay, du 23 janvier).

Malheureusement, depuis son échec d’Arcate, du Saussay était plus irrésolu que jamais ; il n’osait faire aucune attaque de nuit, sous prétexte que son camp était trop éloigné de l’ennemi. Quand il eut été autorisé à le rapprocher de trois quarts de lieue, il ne fit pas mieux. Sa pusillanimité paralysait son jugement. D’autre part, il s’entendait mal avec Morarao, avec qui il devait concerter ses mouvements.

Le 1er février, ayant manqué plusieurs occasions favorables de couper les vivres à l’ennemi, Dupleix le remplaça par Maissin, major des troupes. Le nouveau commandant eut ordre de se rapprocher de Trivady et d’établir son camp à Rampacom, d’où il devait détacher à Panrutti 100 blancs[1] et 300 cavaliers marates, de façon à

  1. « Lorsque vous enverrez à Panrutti, il faut faire paraître le corps de blancs considérable et faire revenir le soir le surplus de ce que