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c’est du Saussay qui resta chargé du commandement. La prolongation de l’affaire de Tirnamallé empêcha Dupleix de tirer parti de la garnison de Gingy, en même temps qu’elle immobilisa Brenier[1].


Du Saussay puis Maissin devant Trivady. — La lenteur du siège. — Au moment d’engager les opérations, Dupleix n’avait à sa disposition que 500 européens dont 150 lui étaient arrivés par le Bristol le 11 octobre, environ 2.000 cipayes et les 4.000 cavaliers promis par Morarao. Les Anglais disposaient au contraire de 700 européens, 2.000 cipayes et 1.500 cavaliers au service de Mahamet Ali ; ils avaient donc la supériorité. Aussi Dupleix, tout en escomptant le succès, ne s’avança-t-il dans le pays ennemi qu’avec la plus grande circonspection et ne voulut-il pas marcher sur Trichinopoly avant d’être assuré du concours des Maïssouriens. Ce fut d’abord contre Trivady qu’il dirigea ses efforts.

Les Anglais y étaient retranchés. Après avoir donné quelques recommandations à du Saussay sur le passage du Ponéar, la nécessité des veilles et des surprises, et même l’utilité de mettre le feu à quelques villages[2], il lui conseilla de s’installer provisoirement à Caréambouttour, non loin du fleuve ; de là on pouvait être renseigné sur les moyens de défense de la place ennemie, sans être en contact immédiat soit avec les Anglais, soit avec Mahamet Ali. Mais pas de retranchements derrière lesquels on

  1. Un autre motif de l’indisponibilité de Brenier fut la mort de sa femme survenue le 29 décembre. Il en éprouva pendant plusieurs jours une douleur qui le rendit impropre à tout service. Pour le distraire de son chagrin, Dupleix voulut lui confier une petite expédition du côté de Vredachalam ; il la refusa.
  2. « On ne fera pas cette opération deux fois sans que l’Anglais fasse les plus sérieuses réflexions. » (Lettre du 5 janvier).