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furent plus toujours aussi attachés au service et qu’ils se souciaient beaucoup plus de revenir à Pondichéry que de rester à l’armée. Certains même qui n’avaient pas eu l’occasion d’être récompensés refusèrent d’obéir par jalousie pour leurs camarades et nos opérations s’en trouvèrent quelquefois entravées.

Nous ignorons quelles sommes furent distribuées aux troupes et aux officiers de l’armée du Carnatic ; nous savons seulement, par l’aveu même de Dupleix, qu’au début de l’année 1750, tous les officiers qui avaient participé à l’expédition de Tanjore étaient devenus fort riches. Si l’on en juge par ce qui se passa dans le Décan, où les chiffres nous sont mieux connus, on peut dire sans grande chance d’erreur qu’il fut alloué au moins un million de gratifications après les affaires d’Ambour, de Gingy et de Tanjore et que ce chiffre eût été largement dépassé si les opérations militaires avaient continué d’être heureuses. Mais à partir de 1752, ce furent les revers ; on s’acharna contre Trichinopoly sans jamais aboutir et nos hommes ou officiers qui participèrent à ces rudes opérations, sans gloire comme sans profit, se considérèrent comme sacrifiés. En fait, ils ne touchèrent plus aucune gratification.

Dupleix participa-t-il lui-même à ces largesses ? Il ne le semble pas, si l’on s’en rapporte à sa correspondance[1].

  1. « Je ne veux rien des trésors de Golconde, écrivait-il à Bussy le 8 mars 1751 ; je ne demande que l’honneur et la gloire du nom français. C’est où j’aspire et rien au-delà. Si le nouveau seigneur veut me donner des marques de sa reconnaissance, je ne les lui renverrai pas, mais je les lui demanderai toujours pour vous et les braves qui vous accompagnent et pour ma nation. Vous savez à ce sujet ma façon de penser, elle est et sera toujours la même. J’en laisserai toujours plus après moi que je n’en apportai, mais de l’honneur et de la réputation je n’en aurai jamais trop ». — A. V. 3748, f° 20.