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avec lesquelles il eut intérêt à s’entendre. Non seulement il parvint à les détacher de l’alliance anglaise, — ce qui n’était pas malaisé après la contestation qui suivit la mort de Chanda S., mais — et c’était mieux — il les amena à épouser sa propre cause, et à joindre leurs troupes aux siennes. C’était la coalition renversée. Voyons comment il manœuvra.

Le Maïssour s’était détaché lui-même de la coalition parce qu’il n’avait pas obtenu les satisfactions sur lesquelles il comptait, mais il n’avait pas non plus rompu avec Mahamet Ali et les Anglais et pendant les premiers temps son attitude, tout en étant suspecte, ne fut pas inquiétante. Dupleix ne songea pas d’abord à entrer en pourparlers avec lui, pour des motifs qui tenaient surtout au Décan, mais il n’en fut pas de même avec Morarao.

Ce chef n’avait encore aucun grand domaine qui lui appartint en propre ; il ne possédait qu’une armée qu’il payait en pillage ou en argent. Que pouvait lui importer de s’attacher aux Français s’il y trouvait son compte ? La chose fut moins aisée qu’il ne semblait. Morarao avait été impressionné par la capitulation de Law et il se demanda avec inquiétude si, en passant à notre service, il ne jouerait pas le mauvais jeu. Il fallut plusieurs semaines pour l’amener à changer de sentiment, et pendant ce temps il erra un peu à l’aventure à travers le Carnatic, pillant indifféremment les aldées. Dupleix lui fit valoir qu’il dépendait en partie de lui de rétablir la partie compromise, et qu’au surplus il pouvait sans déshonneur suivre l’exemple du Maïssour qui, vraisemblablement, ne tarderait pas à se déclarer contre Mahamet Ali. Les deux anciens alliés continueraient ainsi de marcher d’accord.

Le 12 août, les pourparlers étaient en bonne voie et Dupleix écrivait à Kerjean qu’on ne tarderait pas sans