Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/310

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’étaient pas couvertes par les traités, ils se souciaient beaucoup moins de pénétrer dans nos anciennes limites où les pactes conclus entre les deux nations conservaient leur valeur. On doit assurément le salut de Pondichéry à cet hommage à la légalité.

Mais ce scrupule même rendait à peu près inutile la victoire des Anglais, comme il rendait possibles toutes les espérances nouvelles de Dupleix et l’on sait qu’il ne se laissait jamais abattre. La malheureuse affaire du 6 septembre troubla peut-être son âme, mais n’ébranla pas ses résolutions.

L’affaire la plus urgente était de pourvoir au commandement. D’Auteuil se trouvait à ce moment à l’armée ; Dupleix ne pouvait songer à lui, puisque depuis l’affaire de Valconde, il était prisonnier sur parole des Anglais ; du moins le pria-t-il, en attendant la désignation d’un nouveau chef, de passer la revue des cipayes, compagnies par compagnies, de façon à ce qu’on pût se rendre compte de leurs nouveaux effectifs et distribuer les crédits d’après leur nombre[1]. Quant à faire un choix entre les officiers disponibles, ce n’était pas aisé ; la plupart s’étaient fait connaître par leur incapacité et ce ne fut certainement pas en raison de ses services passés que le choix de Dupleix se porta sur du Saussay ; l’année précédente on avait éprouvé sa valeur au moment du siège d’Arcate ; mais c’était celui qui avait le plus d’années de service

  1. Dans une lettre adressée à d’Auteuil par Dupleix le 7 septembre, nous y relevons ce curieux passage où la pureté de la forme est quelque peu sacrifiée à la vivacité de l’expression : « Ma femme craint de donner ses espions ; on n’ajoute point foi à ce qu’ils disent ; on les menace quand ils disent vrai, on les amarre. Ils avaient averti de l’alerte à laquelle l’ennemi se préparait ; on leur a donné du pied au cul. Le premier coulis et surtout ceux des cipayes est toujours préféré ; ce qui fait un cacafouis du diable. »