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soldats pussent, après une action d’exploit, recevoir une récompense méritée ; il estimait que c’était le meilleur moyen de stimuler leur zèle, sinon leur courage.

Le malheur était que ces gratifications, perçues à l’origine par les commandants des troupes, étaient parfois exigées par eux plutôt que volontairement consenties par les Indiens ; elles dépassaient aussi la mesure. Chanda S., après l’affaire de Tanjore, en 1749, dut verser jusqu’à son dernier sou pour donner une gratification qu’on exigea de lui avec insistance dans le temps même où il n’avait pas de quoi entretenir non seulement ses troupes mais sa table. L’avidité fut alors si grande qu’on prenait pour mille pagodes des bijoux qui ne valaient pas mille roupies. Après Chettipet, ce furent de véritables exactions.

Ces procédés, en indisposant contre nous les Indiens, finirent par gêner nos opérations plutôt qu’ils ne les servirent. Les gratifications de Tanjore, nous dit Dupleix dans une lettre à La Tour du 30 avril 1751, firent tout le mal des opérations du siège, — puisque nous fûmes obligés de le lever — et « l’on ne peut mettre au nombre des heureux jours de la nation ceux qui ont été employés dans cette campagne ». Ce qui se passa à Chettipet donna la plus mauvaise opinion des Français. Aussi Dupleix fut-il obligé tout d’abord de recommander à ses officiers de se comporter d’une façon convenable et non pas comme des forbans, puis d’exiger qu’aucune gratification ne fût distribuée sans son assentiment. « Je veux la fortune de tout le monde, disait-il à d’Auteuil le 20 juillet 1751, mais aussi je veux être secondé et trouver de la bonne volonté chez ceux qui y participent (à ces gratifications) ; sans quoi toutes les affaires en général iront en décadence. »

Un autre malheur fut que les officiers enrichis ne