Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/309

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec l’intention de s’y arrêter ; il était allé jusqu’à Bahour, comme s’il voulait nous attirer loin de notre base d’opérations et nous manœuvrer plus facilement. Si tel fut son dessein, son plan réussit au delà de ses espérances. Malgré tous les conseils de prudence que put lui donner Dupleix, Kerjean se flatta trop de l’idée que cette retraite le dégageait lui-même des nécessités d’une stricte surveillance et il s’en alla au devant de l’ennemi avec une pleine confiance dans l’heureux destin qui l’avait déjà servi à Vicravandy et, plus récemment encore, au Grand Étang.

Les Anglais, instruits de notre négligence par leurs espions, prirent aussitôt toutes leurs dispositions pour nous attaquer et le 6 septembre ils se mirent en marche à trois heures du matin et nous surprirent dans un demi-sommeil en avant d’Ariancoupom. On se battit en rassemblant ses forces du mieux que l’on put et quoique mal engagée, la bataille se poursuivit dans des conditions honorables. Néanmoins nous dûmes abandonner le terrain et il vint un moment où, voyant tout perdu, les cipayes prirent la fuite en jetant leurs armes dont un grand nombre tomba dans le Chounambar, où on les recueillit le lendemain. Dans ce désarroi, les Anglais nous firent 112 prisonniers européens dont 14 officiers, parmi lesquels Kerjean grièvement blessé au ventre ; notre artillerie, nos munitions et nos bagages tombèrent également au pouvoir de l’ennemi. Par contre peu de tués ou blessés. Les Anglais accusent de leur côté 4 officiers et 78 soldats tués ou blessés.

Ce désastre — car c’en était un — eut peut-être fait tomber Pondichéry au pouvoir des Anglais s’ils avaient osé venir nous y attaquer ; mais s’ils étaient peu respectueux de nos nouvelles acquisitions qui, à leurs yeux,