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À cette distance de Pondichéry, il était possible de suivre les opérations presque heure par heure. Dès qu’il connut le renfort arrivé aux Anglais, Dupleix invita Kerjean à revenir à Maradour. Sur ces entrefaites, le bruit courut que les Anglais, sortant de leurs limites, se proposaient de venir nous attaquer jusque dans Bahour et d’y établir leur camp et, comme pour confirmer ce bruit, on vit en effet quelques cavaliers de Mahamet Ali pénétrer dans nos aidées et y enlever le bétail. Dupleix, de moins en moins confiant dans la solidité de ses troupes, invita Kerjean à se retirer plus loin encore, jusqu’à Villenour, à repasser en cet endroit la rivière de Gingy et à prendre une position, d’où il put se porter à droite ou à gauche suivant les occurrences. L’endroit choisi fut une petite éminence allongée qui borde au sud-est le grand Étang d’Oussoudou. Le même jour, (29 août), des renforts furent envoyés à Ariancoupom. La guerre se rapprochait ainsi de nos limites, puisque Villenour n’est qu’à 10 kilomètres de Pondichéry et Ariancoupom à 5 seulement.

Le lendemain, les Anglais occupèrent effectivement Bahour, en dépit d’une protestation de Kerjean. D’après Lawrence, Bahour et Villenour n’étant pas compris dans les anciennes limites de la Compagnie, les Anglais avaient le droit de s’y établir. Quand les Français se furent retirés au Grand Étang, Lawrence leva son camp de Bahour et vint s’établir à Tiroucangy. Dupleix ne doutait nullement qu’il dut en sortir pour nous attaquer : « Mettez-vous en tête, écrivit-il à Kerjean le 31 août, que là où est Lawrence, les lois les plus sacrées sont avilies. »

En prévision de cette attaque, Dupleix fit en hâte passer des hommes et des munitions à Kerjean. Le choc se produisit en effet le 1er septembre, mais sans vigueur ni fermeté. On eut dit que Lawrence cherchait plutôt à tâter