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L’événement fut, comme on devait s’y attendre, L’objet d’une protestation très vive du gouvernement de Madras. Dupleix n’en tint aucun compte et retint tous ces hommes, moins comme des prisonniers que comme des otages qu’il se déclarait disposé à rendre, si les Anglais voulaient faire un échange avec ceux des nôtres qu’ils retenaient indûment. Ils ne furent rendus qu’en août 1754 par Godeheu.


Mouvements divers de Kerjean et des Anglais. Kerjean battu et fait prisonnier. — Dupleix crut trop vite que cette capture dérangerait les projets de nos ennemis et que Mahamet Ali tout au moins prendrait la fuite, abandonnant les Anglais. Il donna en conséquence à Kerjean l’ordre de se porter en avant dès le lendemain au point du jour et d’aller camper à Maradour en se rapprochant de Trivady, et trois ou quatre jours plus tard il l’autorisa à aller jusqu’à Bahour, à proximité du territoire anglais de Goudelour ; mais dans les deux cas, Dupleix continua de lui recommander d’éviter tout contact avec L’ennemi, dont les forces devaient être encore supérieures aux nôtres, et s’il lui arrivait de pénétrer dans les aldées de Trivendipouram, d’y respecter le pavillon anglais.

L’ennemi ne lit d’abord aucun mouvement : la capture du 21 l’avait privé d’un concours sur lequel il comptait. Son inaction fut de courte durée. Aussitôt qu’à Madras on connut l’événement, le major Lawrence, revenu à la santé, reprit la mer non plus sur des chelingues, mais sur un navire avec une nouvelle compagnie et débarqua à Goudelour le 27 août. Le lendemain, il reprit le commandement de toute l’armée qui se composait de 400 européens, 1.700 cipayes, 4.000 cavaliers du nabab et 8 pièces de canon. Dupleix ne pouvait disposer que de 313 blancs.